Crise sanitaire et valeur des diplômes

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Bonjour,

Si la crise liée à la COVID-19 a entraîné pour beaucoup d'entre nous un surplus de stress lors de la fin de l'année scolaire, notamment à cause de l'incertitude totale dans laquelle nous sommes longtemps resté, nous y voyons normalement aujourd'hui tous beaucoup plus clair.

Nous savions que le résultat de la gestion ne serait pas parfait étant donné l'urgence de la situation et la lenteur réputée des administrations. Or je crains de mon côté que cela soit pire que prévu.

Chaque université a appliqué sa propre "solution". Si j'ai eu quelques échos d'autres fac, je prends bien sûr la mienne en exemple étant donné que je peux plus facilement être informé.

Après un nombre incalculable de versions différentes de la part des différents services de l'université, nous en sommes arrivés à une ultime version, peu avant les partiels :

* Le semestre pair est uniquement basée sur les notes de TD passés (en présentiel avant le confinement ou à distance).

* Si la moyenne du semestre pair est inférieure à 10, elle est artificiellement "remontée" à 10.

* Si la moyenne du semestre pair est inférieure à la moyenne du semestre impair, elle est artificiellement "remontée" à celle du semestre impair.

La solution choisie était déjà extrêmement avantageuse pour les étudiants.

Par la suite, il a été décidé qu'à partir du moment où au moins un TD avait été passé (même si les autres sont considérés comme ABI), toutes les notes de TD manquantes seraient égales à la moyenne des notes des TD passés.

Lors des délibérations, il a en plus été décidé d'augmenter les moyennes ainsi obtenues de plusieurs points.

Par la suite, il nous a été possible de repasser à peu près n'importe quelle matière du semestre pair à distance. Il nous a de plus été précisé que si cela baissait notre moyenne, il n'en serait pas tenu compte. Un rattrapage du semestre impair a également pu se tenir à distance.

Bref. Le fait de "donner" systématiquement les semestres du fait de la crise de la COVID-19 a été beaucoup critiqué. De nombreuses universités, dont la mienne, ont affirmé qu'elle ne s'y abaisseraient pas. Au final, vu les mesures prises, non seulement le semestre pair a été offert, mais c'est aussi le cas de l'année scolaire par le jeu de la compensation des semestre. Pire, les moyenne sont également largement rehaussées.

Pour vous donner un exemple concret, parce que je m'y perds moi-même en me relisant, et que celui-ci est assez parlant : J'ai récemment discuté avec une camarade effectuant sa première année de L1. Son premier semestre tourne autour de 5/20. Elle a cessée de se rendre à la fac à la fin du S1 (Cours, TD, colles). Suite aux mesures de confinement, elle a passé une colle à distance (ressources illimitées). De ce fait, son S2 vaut, pour l'université, 14/20. Je précise bien que ce n'est qu'à titre d'exemple.

Tout ça pour quoi ? Pas pour me plaindre d'une année donnée. Depuis que les résultats (pas encore officiels) nous ont été transmis, nous sommes en mesure de voir concrètement l'ampleur de la catastrophe.

Dans ma petite antenne spinalienne de la fac de Nancy, on compte généralement entre 150 et 200 inscrits en L1 par an, et un nombre étrangement fixe d'une quarantaine de validation. Cette année, tout le monde ou presque validera. Outre le fait que je me demande comment notre petite fac va gérer l’afflux d'étudiants, je me demande surtout si, et comment, va s'effectuer la sélection.

En donnant une année scolaire, je crains sincèrement que des personnes qui se seraient au final rendu compte que le droit n'était pas fait pour eux ne s'enferment dans la logique du "j'ai eu une année, je dois continuer", quitte à enchaîner les redoublements. Cela risque à mon avis d'avoir un impact psychologique désastreux sur eux. De plus, j'imagine que l'université ne pourra pas éternellement regarder les étudiants stagner en se plaignant d'un nombre d'étudiants supérieur à la capacité des locaux... J'ai peur aujourd'hui que la gestion de l'après-crise consiste à "sortir" ces étudiants le plus rapidement possible, en abaissant le niveau de la licence en elle-même.

Dans cette période où beaucoup désespèrent de n'être acceptés dans aucun master, qu'en serra-t-il dans quelques années si la valeur de la licence chute si brutalement ?

J'aurais souhaité avoir vos avis. Je suis désolé d'avoir écrit un tel "pavé", ce n'était pas prévu, mais j'ai l'impression que le diplôme pour lequel je travail dur ne vaudra plus rien avant même que je l'obtienne. Je devrais être heureux d'en avoir terminé avec une année de plus, alors qu'en fait j'en suis à me demander si tout cela en vaut la peine. Dernière modification : 15/07/2020